Se souvenir du passé : fenêtre sur l'avenir
Le 26 novembre 2012, le gouvernement du Canada a commémoré les séquelles laissées par les pensionnats indiens en inaugurant un vitrail au Parlement. Le vitrail a été installé de manière permanente dans l'édifice du Centre, sur la colline du Parlement.Cette vidéo illustre la conception du vitrail et comprend une entrevue avec l'artiste, ainsi qu'avec d'anciens élèves des pensionnats indiens réalisées le jour de la cérémonie de dévoilement.
Transcription : Se souvenir du passé : fenêtre sur l'avenir
Stephen Harper : Le traitement des enfants dans les pensionnats indiens est un triste chapitre de notre histoire. Le régime des pensionnats indiens avait deux principaux objectifs : isoler les enfants et les soustraire à l'influence de leurs foyers, de leurs familles, de leurs traditions et de leur culture, et les intégrer par l'assimilation dans la culture dominante. D'ailleurs, certains cherchaient, selon une expression devenue tristement célèbre, « à tuer l'Indien au sein de l'enfant ». Aujourd'hui, nous reconnaissons que cette politique d'assimilation était erronée, qu'elle a fait beaucoup de mal et qu'elle n'a aucune place dans notre pays. Le gouvernement du Canada présente ses excuses les plus sincères aux peuples autochtones du Canada pour avoir si profondément manqué à son devoir envers eux, et leur demande pardon. Nous le regrettons. We are sorry. Nimitataynan. Niminchinowesamin. Mamiattugut.
Narrateur : Octobre 2011. L'honorable John Duncan, ministre des Affaires autochtones et du développement du Nord canadien, annonce que dans l'optique de la réconciliation, le gouvernement du Canada commémorera les séquelles des pensionnats indiens en aménageant de façon permanente un vitrail. Il sera installé en plein coeur du Parlement, dans l'édifice du Centre, au-dessus de l'entrée des députés.
John Duncan : La commémoration permanente incitera les membres du Parlement ainsi que les futurs visiteurs à en apprendre davantage sur l'histoire des pensionnats indiens et sur les gestes de réconciliation posés par le gouvernement du Canada.
Narrateur : Des artistes autochtones de partout au Canada ont présenté une soumission pour le concept du vitrail. On a retenu l'oeuvre de Christi Belcourt, artiste métisse renommée.
Christi Belcourt : Ma principale préoccupation pendant le processus de création était d'honorer les anciens élèves au meilleur de mes capacités.
Narrateur : Andrew Florczak, du Vision Art Studio à Toronto, s'est vu confier la tâche de transformer le concept de Christi en vitrail.
Andrew Florczak : Toutes les pièces de verre ont été coupées individuellement. Nous avons probablement coupé mille pièces.
Christi Belcourt : L'histoire commence dans le bas du panneau, dans une hutte où un grand-père fume sa pipe. Cela représente l'époque avant les pensionnats indiens, lorsque tout était entier, intact.
Dans le panneau du centre, à gauche, on représente l'épisode des pensionnats indiens lorsque 150 000 enfants ont été retirés de force de leurs familles. Ces enfants ont été victimes de sévices sexuels, physiques et psychologiques.
En 1990, Phil Fontaine a été le premier dirigeant national à admettre publiquement avoir été victime de violence dans les pensionnats indiens. Cette confession a déclenché quelque chose, le reste du Canada est sorti de sa torpeur et a pris conscience de ce qui s'était passé. Dans l'oeuvre on retrouve donc du verre brisé qui représente la fin du silence et les vies brisées. On observe aussi un danseur au tambour, le danseur Inuk. Le tambour représente le battement de notre coeur, il permet donc de réveiller les gens. La colombe signifie l'espoir de la réconciliation.
En 2008, illustré par le panneau du milieu, le premier ministre Stephen Harper, au nom du gouvernement du Canada, a présenté publiquement des excuses. Les leaders autochtones étaient pour la première fois présents à la Chambre des communes où ils ont répondu à ces excuses.
Si on déplace le regard vers le bas, dans le panneau de droite, les lignes et couleurs qu'on y trouve évoquent un sentiment de renouveau, un regard vers l'avenir.
La robe à franges est une robe sacrée. C'est une robe de guérison, c'est pourquoi la danseuse est représentée ici. Elle danse pour l'avenir de ses petits-enfants. L'enfant est maintenant aux côtés de sa mère, ils ne sont plus séparés. L'enfant n'est plus arraché des bras de sa mère. La mère est capable de dire à son enfant « Je t'aime ». Le grand-père à l'arrière pratique de nouveau les cérémonies et il peut transmettre les connaissances traditionnelles.
Dans le bas du panneau, on retrouve la deuxième moitié du cercle, où une grand-mère est assise dans la hutte et fume la pipe pour ses petits-enfants. Les cultures renaissent, les pratiques traditionnelles sont retrouvées.
En se souvenant de l'histoire, on veille à ne pas la reproduire. En nous souvenant de l'histoire, nous serons capables de progresser.
John Duncan : C'est un grand honneur et un privilège d'être ici avec vous aujourd'hui à l'occasion de cette cérémonie d'inauguration en territoire traditionnel algonquin. J'aimerais souligner la présence d'anciens élèves des pensionnats indiens parmi nous aujourd'hui, dont certains sont venus de loin pour assister à la cérémonie. En inaugurant officiellement le vitrail, nous commémorons vos expériences et veillons à ce qu'elles ne sombrent jamais dans l'oubli.
Angie Hazel Crerar (ancienne élève) : J'ai été très émue. Le vitrail me rappelle tant de souvenirs. Je m'imaginais tous ces enfants avec qui je suis allée à l'école pendant 10 ans. Pour moi, le vitrail a plus de signification que les excuses. Les excuses étaient des mots, ce vitrail est un témoignage visuel.
Noel Starblanket (ancien élève) : Je suis reconnaissant du gouvernement pour ce geste. Maintenant, lorsque les députés, le premier ministre et les membres du Cabinet sortiront de la Chambre des communes, ils verront toujours ce vitrail.
Martha Greig (ancienne élève) : À mes yeux, ce vitrail représente l'espoir.
Francois Paulette : Et cet espoir perdurera chez nos enfants et encore plus chez nos petits-enfants.
Chanteurs : (Même si ce fut difficile, voilà maintenant un jour nouveau).