Résumé en langage simple de l'évaluation des risques pour la mine Giant
Rédigé par : Canada North Environmental Services
Markham (Ontario)
Pour : Services publics et Approvisionnement Canada –
Services environnementaux et gestion des sites contaminés de la région Ouest
10025, avenue Jasper, 5e étage, Place ATB,
Edmonton (Alberta) T5J 1S6
Projet no 2385
Janvier 2018
Introduction
La mine Giant est une ancienne mine d’or située à environ cinq kilomètres au nord du centre de Yellowknife, dans les Territoires du Nord-Ouest. La mine a été exploitée jusqu’en 2004. Les résidus miniers sont stockés dans quatre zones de la mine Giant et des poussières à forte teneur en arsenic ont été pompées dans des zones de stockage souterrain scellées. Par le passé, les rejets de ces produits dans l’air ont contaminé le sol de la région. Les eaux et les sédiments du ruisseau Baker qui traverse le site de la mine contiennent d’ailleurs des concentrations élevées d’arsenic et d’autres contaminants.
En 2010, le rapport d’évaluation environnementale du Projet d’assainissement de la mine Giant a été soumis à l’Office d’examen des répercussions environnementales de la vallée du Mackenzie (OEREVM). L’OEREVM a indiqué qu’une évaluation quantitative complète des risques pour la santé humaine était nécessaire avant d’accorder les approbations réglementaires. De plus, une évaluation des risques écologiques a été réalisée pour évaluer les risques possibles pour la faune et la flore à la mine Giant.
En quoi consiste une évaluation des risques?
Une évaluation des risques pour la santé humaine et l’environnement est un processus scientifique utilisé pour répondre aux questions suivantes :
- Quelle est la préoccupation? — L’arsenic est un problème, mais d’autres produits chimiques sont-ils en cause?
- Qui est exposé? — Est-ce que ce sont les gens, la faune ou la végétation?
- Comment sont-ils exposés? Exposition alimentaire, par l’eau potable, le sol, les poussières?
La figure 1 illustre la relation logique entre ces points. Il faut d’abord répondre à ces trois questions avant de déterminer si des risques sont présents. Dans le cadre de cette étude, nous avons examiné les changements possibles aux risques lorsque la mine Giant aura été nettoyée. L’évaluation des risques porte sur l’exposition d’une communauté et non sur une personne en particulier. C’est le Programme de suivi des effets sur la santé, un programme en vigueur qui se déroule en parallèle, qui fait l’évaluation des personnes sur une base individuelle.
L’évaluation des risques se conforme aux recommandations de Santé Canada et d’Environnement et Changement climatique Canada. Plus de 200 rapports ont été étudiés pour colliger les données nécessaires à l’évaluation des risques.
Qui a fourni les données?
Les données ont été recueillies auprès de certaines personnes par l’intermédiaire du Groupe de travail sur la mine Giant. Le groupe de travail se compose de membres provenant des Affaires autochtones et du Nord Canada, du gouvernement des Territoires du Nord-Ouest, de Services publics et Approvisionnement Canada d’Environnement et Changement climatique Canada, du ministère des Pêches et Océans, de la ville de Yellowknife, d’Alternatives North, de la Première Nation des Dénés Couteaux-Jaunes, de l’Alliance des Métis de North Slave, de Santé Canada, du Conseil de surveillance de la mine Giant, et de Bill Slater, qui est le conseiller technique du groupe de travail. Les discussions pour cerner la portée que devait avoir l’évaluation des risques avant le début du projet ont duré un an. Pendant le projet, cinq réunions ont été tenues avec le groupe de travail pour discuter de l’approche à utiliser et des résultats.
Des membres des Première Nation des Dénés Couteaux-Jaunes et de l’Alliance des Métis de North Slave ont fourni des échantillons de gibier, de baies, de plantes médicinales et de poissons qui ont été expédiés au laboratoire pour y être analysés. Dans le cadre d’un sondage, ils ont aussi communiqué des connaissances traditionnelles sur l’alimentation. Plus de 130 échantillons furent collectés principalement par la Première Nation des Dénés Couteaux-Jaunes.
Qui est exposé?
Les personnes qui vivent dans les communautés de Ndilo et de Dettah ont été intégrées dans l’étude, tout comme les résidents de Yellowknife et de Latham Island (voir la figure 2). Au cours des discussions, certaines personnes ont indiqué que des gens vivaient le long de la route Ingraham Trail et que d’autres personnes campaient au camping Fred Henne et nageaient dans le lac Long; ces zones ont donc été ajoutées à l’évaluation des risques.
Un nettoyage est prévu pour la mine Giant et l’ancien lotissement urbain et ce plan de nettoyage a été utilisé pour étudier ce qui est susceptible de se passer dans l’avenir.
Comment les gens sont-ils exposés?
Il existe plusieurs voies d’expositions à l’arsenic et aux autres produits chimiques (figure 3), notamment l’eau potable, l’air respirable, le contact avec le sol du jardin et la poussière des maisons (provenant de l’extérieur et pénétrant dans les foyers avec les chaussures), la baignade et la natation dans les plans d’eau, la nourriture des supermarchés, le poisson, le gibier, les baies, les champignons et les plantes médicinales. L’évaluation des risques a considéré tous ces éléments.
Quels sont les contaminants en cause?
L’arsenic est la principale préoccupation. Il s’agit d’un cancérogène connu. D’autres contaminants, l’antimoine et le manganèse par exemple, ont aussi été étudiés. Toutefois, comme leur présence n’a été retrouvée qu’à des concentrations sûres, le reste de la discussion portera donc sur l’arsenic.
Les concentrations d’arsenic trouvées sur différents sites situés autour de Yellowknife sont données à la figure 4 pour le sol, à la figure 5 pour l’eau et à la figure 6 pour les sédiments. En ce qui concerne les sols, les concentrations d’arsenic les plus élevées ont été retrouvées à Ndilo et les plus faibles à Dettah. Les concentrations d’arsenic retrouvées sur le sol de la route Ingraham Trail sont proches des concentrations naturelles mesurées à des emplacements de référence (la ceinture des roches vertes de Yellowknife par exemple). Toutes les concentrations d’arsenic relevées dans l’eau potable sont inférieures aux lignes directrices de Santé Canada sur l’eau potable et elles se rapprochent des concentrations naturelles. Même résultat pour la plupart des concentrations d’arsenic dans les sédiments : elles se rapprochent des concentrations naturelles. Les sédiments de la plage du lac Long affichent toutefois de plus hautes concentrations d’arsenic, environ trois fois plus élevées que la concentration naturelle.
Quelles sont les concentrations dans les aliments prélevés dans la nature?
Les figures suivantes affichent les résultats des concentrations d’arsenic retrouvées dans les échantillons alimentaires des aliments prélevés dans la nature. La figure 7 démontre que les concentrations d’arsenic relevées dans les différents poissons pêchés dans la baie Yellowknife sont semblables à la concentration naturelle. Les concentrations d’arsenic relevées dans les échantillons de gibier sauvage capturés à moins de 10 km de la mine Giant (figure 8) démontrent que les concentrations d’arsenic étaient plus élevées chez les lapins et les lagopèdes et tétras, alors que celles présentes chez le castor et le canard étaient proches de la concentration naturelle (mesurée à plus de 50 km de la mine Giant). Les concentrations d’arsenic relevées dans les champignons et les baies récoltés à des distances supérieures à 25 km de la mine Giant (figure 9) sont semblables à la concentration naturelle de référence (mesurée à plus de 50 km de la mine Giant). Il n’est pas surprenant que les concentrations d’arsenic présentes dans les champignons cueillis à moins de 10 km de la mine Giant soient environ sept fois plus élevées que la concentration naturelle. Certains genres de champignons stockent de grandes quantités d’arsenic; ces champignons ne font pas partie des données puisque leurs concentrations sont très élevées et que leur consommation — le cas échéant — doit être limitée à de très petites quantités. Des échantillons d’acore odorant ont été prélevés à l’été 2017 et les niveaux d’arsenic dans la plante sont faibles et se situent près de la concentration naturelle.
Quels sont les résultats de l’évaluation des risques pour la santé humaine?
Toutes les données récupérées et la quantité des différents aliments que les gens affirmaient manger ont été utilisées pour déterminer les risques de contracter un cancer dû à une exposition à l’arsenic, que ce soit par l’air, le sol, la poussière à l’intérieur, l’eau, les sédiments ou les aliments prélevés dans la nature de la région.
La figure 10 démontre que ces risques se situent principalement dans une échelle qui va de « négligeable » (minuscule) à « très faible ». Pour les personnes qui vivent à Ndilo, les risques sont plus élevés qu’à d’autres endroits. Ces risques vont de « très faible » à « faible », soit un risque similaire à celui de subir un examen par rayons X ou un scan médical. Les risques sont attribuables aux concentrations élevées d’arsenic dans le sol qui proviennent de l’exploitation passée de la mine Giant.
Il était impossible d’étudier toutes les façons d’entrer en contact avec l’arsenic, mais les nombreuses méthodes étudiées dans l’évaluation des risques ont démontré que les risques encourus dans la région de Yellowknife ne sont pas différents de ceux montrés à la figure 10. Après le nettoyage de la mine Giant, les niveaux de risques indiqués dans la figure 10 ne seront pas modifiés puisque ce nettoyage ne pourra pas réduire les concentrations d’arsenic dans le sol de la région de Yellowknife. L’évaluation des risques a été faite de manière prudente. Elle a surestimé les expositions, de sorte que les risques peuvent être inférieurs à ceux indiqués dans la figure.
La mine Giant est actuellement clôturée et les gens ne peuvent pas pénétrer dans le site. Certaines personnes affirment qu’elles aimeraient faire de la randonnée, de la marche ou de la course dans certaines parties du site lorsque le nettoyage de la mine Giant sera terminé. Ces activités n’entraîneront aucune augmentation des risques. Les membres de la Première Nation des Dénés Couteaux-Jaunes ont déclaré qu’ils ne veulent pas utiliser le site à l’avenir. Le sol de l’ancien lotissement urbain sera nettoyé jusqu’à la norme résidentielle imposée par le gouvernement des Territoires du Nord-Ouest, tandis que les sédiments près du rivage seront nettoyés de manière à atteindre la concentration naturelle. Si, dans l’avenir, des gens venaient vivre dans l’ancien secteur du lotissement urbain, les risques seraient semblables à ceux encourus par les habitants de Yellowknife ou de Dettah.
Comme les risques à Ndilo sont plus élevés qu’ailleurs, un plan de nettoyage des sols doit être mis en œuvre pour la communauté. Un échantillonnage supplémentaire du sol doit être fait à l’île Latham et dans la zone du lotissement après le nettoyage, ce qui permettra de déterminer si les concentrations relevées dans le sol sont semblables à celles utilisées dans l’évaluation des risques.
Évaluation des risques écologiques (ERE)
Quelles plantes et quels animaux font partie de l’étude?
Un certain nombre d’animaux ont été étudiés. Il s’agit de petits animaux comme les souris qui passent tout leur temps sur le site et des animaux plus gros, comme le lynx ou le renard, qui sont susceptibles de traverser le site de la mine Giant. Les très gros animaux comme l’orignal, le caribou ou l’ours n’ont pas été inclus dans l’étude puisque la mine Giant n’occupe qu’une petite partie de la zone qu’ils utilisent, et que des études antérieures ont démontré qu’ils n’étaient pas à risque. Les plantes qui poussent sur le site ont également été étudiées. Les poissons, les plantes aquatiques, les insectes et les petits animaux (rats musqués ou visons) qui sont présents dans le ruisseau Baker ont aussi été étudiés (figure 11).
Quels sont les résultats de L’ERE?
Des concentrations d’arsenic élevées ont été relevées dans les sédiments de la baie de Yellowknife, près de la mine Giant, et on s’attend à ce qu’elles diminuent lentement au fil du temps.
À l’heure actuelle, les poissons et les insectes qui vivent dans les sédiments du ruisseau Baker en ressentent les effets, mais les choses s’amélioreront lorsque le nettoyage sera terminé. Le déplacement du tuyau de l’usine de traitement vers l’embouchure du ruisseau Baker modifiera le débit dans le ruisseau Baker et il pourrait s’assécher au cours des mois d’été.
Lorsque le nettoyage sera terminé, les choses s’amélioreront dans le site de la mine Giant, mais il est possible que les petits animaux soient encore affectés.