Initiative visant à moderniser certains règlements sur la prise de décision par des Premières Nations : résumé des séances de dialogue
Services aux Autochtones Canada (SAC) a lancé une initiative en deux phases visant à moderniser les règlements fédéraux sur la prise de décision par des Premières Nations. Cette initiative est un jalon important du soutien à l’autodétermination autochtone et à la prospérité économique des Premières Nations.
Le présent rapport est un résumé des commentaires émis par les participants dans le cadre de la phase 1 de l’initiative, qui s’est conclue le 31 août 2022.
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Phase 1 de l’initiative
SAC proposait des modifications ciblées au Règlement sur les référendums des Indiens et au Règlement sur les élections au sein de premières nations.
À l’heure actuelle, le Règlement sur les référendums des Indiens exige que les scrutins référendaires communautaires soient administrés presque entièrement par le gouvernement du Canada, alors que ni le Règlement sur les référendums des Indiens, ni le Règlement sur les élections au sein de premières nations ne permettent l’utilisation du vote en ligne comme méthode de votation supplémentaire et facultative.
Les modifications réglementaires proposées auraient pour effet de :
- créer une nouvelle option permettant aux Premières Nations de nommer un président d’élection habilité à administrer des scrutins référendaires en vertu du Règlement sur les référendums des Indiens;
- permettre l’utilisation du vote en ligne comme méthode de votation supplémentaire en vertu du Règlement sur les référendums des Indiens et du Règlement sur les élections au sein de premières nations.
Entre le 24 mars et le 18 août 2022, le gouvernement du Canada a rencontré des dirigeants et des organisations des Premières Nations pour discuter des modifications réglementaires proposées.
Au total, SAC a organisé la tenue de 14 séances de dialogue régionales, 5 séances complémentaires à la demande d’organisations de Premières Nations régionales et 2 séances de dialogue avec des organisations autochtones nationales. Le Ministère a également présenté l’initiative lors de rassemblements de dirigeants des Premières Nations dans les régions de l’Ontario et de l’Atlantique.
Par ailleurs, un sondage en ligne a été lancé sur le site Web de SAC en février 2022 pour permettre aux membres des Premières Nations de transmettre leur avis. La promotion du sondage s’est faite par le biais des médias sociaux de SAC et pendant les séances de dialogue. En date du 31 août 2022, le Ministère avait reçu un total de 27 réponses au moyen du sondage en ligne.
Modifications réglementaires proposées :
Créer une option, dans le Règlement sur les référendums des Indiens, donnant aux Premières Nations la possibilité de nommer un président d’élection qui n’est pas un fonctionnaire du Ministère
La plupart des participants aux séances de dialogue ont convenu qu’une option permettant aux Premières Nations, en vertu du Règlement sur les référendums des Indiens, de nommer un président d’élection qui n’est pas un fonctionnaire du Ministère serait avantageuse pour les communautés des Premières Nations désireuses d’accroître leur contrôle sur l’administration des processus décisionnels sous réglementation fédérale. Tandis que bon nombre de celles qui avaient récemment tenu des référendums en vertu du Règlement sur les référendums des Indiens ont signalé des rapports positifs avec les fonctionnaires du Ministère administrant ceux-ci, certaines Premières Nations ont rapporté des pertes économiques suite à des retards de la part de SAC. Les participants ont également discuté des difficultés à composer avec la capacité limitée du Ministère, le taux de roulement élevé au sein du personnel de SAC et la complexité des processus décrits dans le règlement. La majorité des participants aux séances de dialogue étaient d’avis que les changements proposés en Phase 1 de l’initiative pourraient aider à atténuer ces défis.
De nombreux facteurs peuvent influer sur l’intérêt et la capacité des Premières Nations à se prévaloir de cette option et à en bénéficier pleinement. Parmi ces facteurs, on retrouve notamment la taille de la population, la situation géographique, les ressources humaines et le nombre de scrutins référendaires antérieurs, en cours de préparation ou prévus. Par exemple, les Premières Nations qui avaient tenu des scrutins similaires étaient certaines que, moyennant la formation et les ressources appropriées, leurs présidents de scrutin ou présidents d’élection locaux pourraient facilement administrer des scrutins référendaires en vertu du Règlement sur les référendums des Indiens.
Ces différentes réalités peuvent avoir un effet sur les opinions concernant le processus de nomination d’un président d’élection qui n’est pas un fonctionnaire du Ministère. SAC a reçu des avis divergents quant aux critères devant guider la sélection d’un président d’élection. Certains participants ont indiqué que, pour maintenir l’objectivité et éviter les conflits d’intérêts réels ou perçus, un président d’élection ne devrait pas être membre de la Première Nation votante. D’autres ont fait valoir que les Premières Nations devraient avoir la possibilité de nommer le président d’élection de leur choix - qu’il s’agisse ou non d’une personne ressortant de la Première Nation appelée à voter.
Quelle que soit leur position, les participants ont convenu que des communications régulières de SAC sur cette initiative et des efforts continus de travail conjoint tout au long du processus de modification réglementaire seraient nécessaires afin d’assurer que les Premières Nations intéressées puissent bénéficier pleinement de l’option réglementaire proposée.
De plus, les enjeux suivants ont été identifiés comme étant essentiels à la réussite de la mise en œuvre de la modification réglementaire proposée :
- Tous les coûts liés à l’administration des référendums devraient être assumés par SAC.
- Les présidents d’élection ne ressortant pas du Ministère devraient être certifiés dans un délai adéquat, dans le cadre d’un programme de formation accessible et de qualité.
- Un bassin de présidents d’élection non gouvernementaux qualifiés et certifiés devrait être constitué et mis à la disposition des Premières Nations.
- Les présidents d’élection et les Premières Nations bénéficieraient de l’élaboration de certains outils, tels que des documents d’orientation et de politiques destinés à guider l’administration des scrutins référendaires.
- La représentation géographique et la disponibilité des présidents d’élection non gouvernementaux doivent être tenues en compte afin de s’assurer que les Premières Nations intéressées dans les petites communautés rurales et éloignées puissent également se prévaloir de la nouvelle option réglementaire.
- Un engagement à long terme de la part de SAC à l’égard de la création et du maintien de la capacité d’administration des scrutins pourrait favoriser une augmentation des possibilités d’emploi au sein des Premières Nations.
- SAC doit fournir un soutien opérationnel aux Premières Nations et aux présidents d’élection nommés par les Premières Nations, sur demande, avant, pendant et après les référendums.
- La décision de nommer un président d’élection ou de demander au Ministère d’administrer un scrutin devrait être prise par la Première Nation, pour chaque référendum.
Créer une option, dans le Règlement sur les référendums des Indiens et dans le Règlement sur les élections au sein de premières nations, permettant aux Premières Nations d’utiliser le vote en ligne
La plupart des participants aux séances de dialogue voyaient favorablement l’adoption d’une option permettant d’utiliser le vote en ligne et ont reconnu qu’il s’agissait de la voie de l’avenir, en particulier depuis l’intensification des activités en ligne engendrée par la pandémie de COVID-19. Nombre d’entre eux ont souligné l’importance de présenter la modification réglementaire proposée comme étant entièrement facultative et ont accueilli favorablement la proposition visant à garantir que les méthodes de vote existantes, comme le vote en personne et les bulletins de vote postaux, restent disponibles pour les membres des Premières Nations qui ne sont pas intéressés par le vote en ligne ou qui ne sont pas à l’aise avec celui-ci.
Ceux qui avaient déjà utilisé le vote en ligne pour différents types de votes ont généralement fait état d’expériences positives. Parmi les avantages du vote en ligne qui ont été soulignés, on peut mentionner :
- une efficacité accrue par rapport aux méthodes de vote traditionnelles;
- la facilité d’utilisation;
- une portée et une accessibilité accrues, en particulier pour les membres des Premières Nations vivant hors réserve;
- des taux de participation plus élevés aux votes communautaires que lorsque les électeurs n’ont pas la possibilité de voter en ligne.
Certains enjeux risquent toutefois de présenter des défis. Parmi ceux qui ont été soulevés, on retrouve :
- la complexité des processus d’inscription en ligne;
- la difficulté que peut représenter l’élaboration et la mise à disposition de listes électorales exactes;
- un manque de fiabilité de la connectivité à large bande et de l’Internet dans les Premières Nations rurales et éloignées, ce qui peut avoir un effet négatif sur la capacité de ces dernières à se prévaloir de la nouvelle option réglementaire;
- certains membres de Premières Nations n’ont qu’un accès limité, voire nul, aux appareils permettant le vote en ligne, tels que les téléphones intelligents, les tablettes électroniques et les ordinateurs portable;
- une discordance potentielle entre les processus en ligne et certaines méthodes autochtones de connaissance et de prise de décision;
- des problèmes pouvant survenir pendant la période de vote, tels une panne du système informatique ou une panne de courant, par exemple.
Les participants ont également mentionné des préoccupations importantes quant à la sécurité, notamment en ce qui concerne :
- la confidentialité des données;
- l’anonymat des électeurs;
- les difficultés liées à la vérification de l’identité des électeurs;
- les risques de fraude.
Un des messages clairs des participants aux séances de dialogue consistait en la nécessité de protéger l’intégrité du processus de vote. Alors que des méthodes modernes de vote font leur apparition dans les processus décisionnels sous réglementation fédérale, comme le Règlement sur les référendums des Indiens, il incombe au gouvernement d’assurer la sécurité des communautés et la protection des droits des électeurs.
Plusieurs autres thèmes sont apparus comme des éléments importants à prendre en compte dans la mise en œuvre de la proposition d’offrir aux Premières Nations la possibilité d’utiliser le vote en ligne, notamment :
- Un financement facilement accessible devrait être mis à disposition pour soutenir l’utilisation du vote en ligne en vertu du Règlement sur les référendums des Indiens et du Règlement sur les élections au sein de premières nations.
- De nombreuses organisations autochtones et Premières Nations ont une expérience significative de l’utilisation du vote en ligne pour différents types de votes et sont bien placées pour soutenir l’élaboration conjointe d’outils de soutien, de ressources et de documents d’orientation.
- Les outils, les ressources et les documents d’orientation visant à soutenir l’utilisation du vote en ligne, y compris l’évaluation des risques en matière de sécurité, devraient fournir les renseignements clés nécessaires pour prendre des décisions éclairées, tout en offrant suffisamment de souplesse pour que les Premières Nations puissent répondre aux besoins et aux priorités spécifiques de leur communauté.
- Il est nécessaire d’améliorer la culture numérique, en particulier parmi les membres de la communauté qui ne se sentent pas toujours à l’aise avec les nouvelles technologies.
- Il importe de miser sur l’offre de formation aux Premières Nations dans des domaines comme les technologies de l’information et la gestion des bases de données.
- Les normes relatives au vote en ligne devraient se conformer aux lois, politiques, processus et procédures des Premières Nations.
- Pour assurer la cohérence entre les différents systèmes électoraux, SAC devrait étudier la possibilité d’introduire également une option de vote en ligne dans le Règlement sur les élections au sein des bandes d’Indiens.
Sondage en ligne
Afin de recueillir directement l’avis des membres individuels des Premières Nations, un sondage en ligne a été ouvert au public le 17 février 2022. En date du 31 août 2022, le Ministère avait reçu 27 réponses au moyen du sondage en ligne. Ce moyen additionnel de participer aux discussions, mis à la disposition des participants aux dialogues ou de membres de Premières Nations intéressés à l’initiative, mais n’étant pas en mesure d’assister aux séances, a été annoncé pendant les séances de dialogue. Il a également été promu par l'entremise des comptes du Ministère sur les réseaux sociaux.
Les réponses au sondage étaient parfois en contradiction avec les réponses obtenues au cours des séances de dialogue. Par exemple, tandis que la proposition de modification réglementaire visant à donner aux Premières Nations la possibilité de nommer un président d’élection qui n’est pas un fonctionnaire du Ministère en vertu du Règlement sur les référendums des Indiens a été accueillie favorablement lors des séances de dialogue, à peine plus de la moitié (17) des répondants à l’enquête d’opinion ont exprimé leur soutien à un tel changement. Pour certains, la modification proposée représente un développement positif vers une participation accrue des Premières Nations aux processus décisionnels, tandis que d'autres ont soulevé le risque potentiel de conflit d'intérêt dans les cas où un président d'élection serait affilié à la Première Nation votante.
Un tiers (9) des répondants se sont dits opposés à ce que le vote en ligne soit offert comme méthode de vote supplémentaire dans le Règlement sur les référendums des Indiens et le Règlement sur les élections au sein de premières nations, faisant souvent allusion à des risques considérables en matière de cybersécurité. Malgré ces préoccupations, les résultats du sondage ont mis en évidence les avantages anticipés d'une participation accrue aux votes communautaires, particulièrement pour les membres vivant hors réserve.
Parmi les commentaires reçus, plusieurs faisaient mention de la capacité des mesures réglementaires proposées à permettre la tenue de votes essentiels dans un délai adéquat, à condition toutefois que des mesures adéquates soient mises en place pour assurer un soutien aux Premières Nations intéressées, dont du financement, de la formation, des efforts de renforcement des capacités, une orientation stratégique, des normes et des mesures de protection sécuritaire adéquats pour le vote en ligne. Afin de s'assurer que les systèmes de vote en ligne permettent aux communautés d'incorporer leurs propres références culturelles dans le processus, y compris les langues traditionnelles, il a été recommandé que le Ministère élabore conjointement avec les Premières Nations des outils et des ressources connexes.
Quelques répondants ont signalé des préoccupations concernant la transparence, l’imputabilité et l’accessibilité. Afin d’encourager une bonne utilisation du vote en ligne, il a été recommandé que le Ministère entreprenne un processus de mobilisation communautaire étendu et des efforts de partage d'information avec les membres des Premières Nations potentiellement concernées par les changements réglementaires.
Le sondage a pris fin le 31 août 2022.
Phase 2 de l’initiative
SAC propose de travailler à établir les bases, à partir du début de 2023, d’une réforme plus transformatrice des exigences du Canada en matière de prise de décisions par les Premières Nations dans le domaine de la gestion des terres de réserve. On pense que ces changements permettront une meilleure harmonisation des lois fédérales avec la Déclaration des Nations Unies sur les droits des peuples autochtones, tout en pavant la voie d’une autodétermination accrue des Premières Nations. Pour ce faire, il faudra tenir des discussions avec un groupe élargi de titulaires de droits et de dirigeants des Premières Nations.
Les séances de dialogue ont permis de discuter des pratiques exemplaires et des principes directeurs qui devront guider la mobilisation qui aura lieu à la phase 2. De nombreuses Premières Nations et organisations participantes ont convenu qu’au-delà de la réforme des procédures de référendum sur les désignations, le gouvernement fédéral doit faire davantage pour se conformer à la Déclaration des Nations Unies sur les droits des peuples autochtones, soutenir la prise de décisions efficace au sein des Premières Nations dans le cadre de différents types de régimes de gestion des terres ou électoraux, et reconnaître la souveraineté autochtone. Certains représentants de Premières Nations ont également mentionné le besoin de réformer davantage le Règlement sur les élections au sein de premières nations. Les dirigeants de Premières Nations ont souvent expliqué qu’au moment où de nombreux gouvernements des Premières Nations mettent en œuvre leur droit inhérent à l’autodétermination et adoptent leurs propres lois, le Canada doit trouver de nouvelles façons de promouvoir les relations de nation à nation, et de reconnaître et respecter les structures politiques, juridiques, économiques et sociales de ces nations souveraines.
Il a été recommandé que la mobilisation entreprise dans le cadre de la phase 2 ait lieu en personne et que SAC s’efforce d’avoir des communications précoces, régulières et directes avec les Premières Nations sur ce sujet de haute importance. Enfin, il a été clairement souligné que le Ministère doit faire rapport aux Premières Nations à la suite des discussions sur cette initiative, et adopter une approche respectueuse et participative, qui tienne compte des échéanciers des Premières Nations et reflète adéquatement les histoires, points de vues et priorités uniques des titulaires de droits et des dirigeants des Premières Nations du pays.
Commentaires supplémentaires sur l’initiative
S’agissant de l'approche à suivre pour mener à bien cette initiative, une organisation de Premières Nations nationale a recommandé que l’ensemble du travail lié à la phase 1 et à la phase 2 soit discuté dans le cadre du processus de mobilisation mené par le Ministère de la Justice en vue d’un plan d'action visant à atteindre les objectifs énoncés dans la Déclaration des Nations Unies sur les droits des peuples autochtones.
Services aux Autochtones Canada continuera de recevoir des commentaires sur cette initiative à l’adresse courriel suivante : RPML-Dialogues-RPLI@sac-isc.gc.ca.