Excuses papales pour les pensionnats au Canada

Le pape François s'est rendu au Canada du 24 au 29 juillet 2022 et a visité l'Alberta, le Québec et le Nunavut.

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Les anciens élèves des pensionnats peuvent composer le 1-866-925-4419 pour obtenir des services de référence en cas de crise émotionnelle et de l'information sur d'autres services de soutien en santé offerts par le gouvernement du Canada.

La Ligne d'écoute d'espoir pour le mieux-être est également disponible et offre des services de counseling et d'intervention en cas d'urgence aux Autochtones du Canada, 24 heures sur 24, 7 jours sur 7. Pour joindre la ligne d'écoute, composez sans frais le 1-855-242-3310 ou connectez-vous au clavardage en ligne à espoirpourlemieuxetre.ca.

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Détails de la visite

Le pape François s'est rendu au Canada en juillet 2022 dans le cadre de ce qu'il a appelé un « pèlerinage pénitentiel », visitant l'Alberta, le Québec et le Nunavut. On peut trouver plus d'informations à ce sujet, ainsi que l'itinéraire de son voyage, sur le site Web de la Conférence des évêques catholiques du Canada sur la visite du pape François au Canada.

Le 25 juillet, alors qu'il était à Maskwacîs, en Alberta, situé sur le territoire du Traité no 6, les terres traditionnelles des Premières Nations et des Métis, le pape François a reconnu les mauvais traitements subis dans les pensionnats qui ont entraîné la destruction culturelle, la perte de vies et les traumatismes permaments vécus par les Autochtones de tous les coins du pays.

Lisez la déclaration de la gouverneure générale, Mary Simon, et du premier ministre, Justin Trudeau, concernant les remarques du pape François à Maskwacis.

Le pape François a fait d'autres excuses à Lac Ste. Anne (Alberta), à Sainte-Anne-de-Beaupré (Québec) et à Iqaluit (Nunavut).

Transcriptions d'excuses

Les transcriptions complètes des excuses du pape François sont disponibles via les liens suivants :

Les transcriptions complètes des excuses sont également disponibles dans les langues autochtones suivantes. Pour en recevoir une copie, veuillez envoyer votre demande par courriel à l'adresse : communications.reconciliation@sac-isc.gc.ca.

Entrevues avec des interprètes de langue autochtone

Regardez les réflexions des interprètes autochtones qui ont participé à cet événement historique et apprenez-en davantage, alors qu'ils partagent leurs pensées et leurs expériences :

Jeannie Manning

Transcription

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Texte à l'écran :

Avancer vers la réconciliation
Le traitement des torts du passé et la guérison

Jeannie Manning est née à Kinngait (Cape Dorset), au Nunavut

Jeannie Manning
Traductrice / interprète

Jeannie Manning :
Je m'appelle Rebecca Jeannie Manning. Je suis plus connue sous le nom de Jeannie parce que c'est ainsi que mes frères et sœurs m'appelaient tout le temps, tout comme mes parents. Je suis née et j'ai grandi à Cape Dorset, au Nunavut.

En inuktitut, Kinngait signifie beaucoup de collines. Mon père travaillait pour la Compagnie de la Baie d'Hudson à l'époque où je suis née. Donc, je suis née et j'ai grandi dans la maison que mon père a construite, près de la Compagnie de la Baie d'Hudson. J'ai été exposée à beaucoup de Blancs et même si je ne parlais pas anglais, je pouvais comprendre un peu.

Texte à l'écran :

La langue maternelle de Jeannie est l'inuktitut

Jeannie Manning :
L'inuktitut est donc vraiment la langue principale de la communauté d'où je viens, et c'est aussi la langue principale de toutes les communautés du Nunavut.

Je savais lire et écrire en inuktitut avant d'entrer à la maternelle. Et Dieu m'a donné un don pour les langues, il m'a donné la capacité d'apprendre à lire et à écrire parce que je l'ai mieux appris que mes frères et sœurs. J'ai deux autres frères et sœurs qui sont également très bons dans ce domaine, mais beaucoup de mes pairs n'ont pas bien compris les syllabiques. Je veux dire, leur langage était parfait. Ils parlaient couramment l'inuktitut parce que c'est leur langue maternelle, mais c'est la partie lecture et la partie écriture qui représentaient un défi pour beaucoup d'autres Inuit, à part moi.

Mon peuple est inuit. Et je suis fière d'être appelée Inuk.

Texte à l'écran :

De nombreux enfants autochtones du Nord ont été forcés de fréquenter des pensionnats, où ils ont été séparés de leur famille et punis pour avoir parlé l'inuktitut.

Jeannie Manning :
L'inuktitut fait partie de qui nous sommes, d'où nous venons. C'est notre langue maternelle.

Malheureusement, dans certaines communautés du centre de l'Arctique, certaines personnes ont perdu leur inuktitut parce qu'il leur a littéralement été arraché à chaque fois qu'elles le parlaient. Ils devaient maîtriser la langue anglaise au mieux de leurs capacités. Et à ce jour, ils ne parlent que très peu d'inuktitut, et savent dire peut-être, oui ou non.

Parmi les enfants qui ont été enlevés de leur foyer, certains ne sont même pas parvenus à rentrer chez eux. Et ceux qui ont tenté de s'enfuir ne sont pas parvenus à retourner au pensionnat ni dans leur communauté. Ce sont ces blessures dont les gens doivent encore guérir.

Je pense que j'ai fait partie des chanceux parce que je ne suis pas allée dans un pensionnat catholique. Je suis allée dans un pensionnat. Je suis allée à celui d'Iqaluit, mais il était géré par le gouvernement, le gouvernement fédéral. À ma connaissance, je n'ai moi-même pas été agressée sexuellement. J'ai eu une petite fessée ici et là, peut-être pour mauvaise conduite, mais c'est tout. Mais quand même, la séparation d'avec ma famille m'a marquée dans la vie, dans ma vie, parce que je n'ai jamais vraiment réussi à m'installer quelque part par la suite. J'ai perdu contact avec ma famille et je me sens toujours un peu à l'écart de ma propre famille, de mes propres frères et sœurs, et lorsque je les vois, ils sont comme des étrangers pour moi. Même s'ils ne sont pas des étrangers, je les connais, j'ai grandi avec eux, c'est un peu comme si nous étions assis dans la même pièce et qu'ils parlent, j'ai l'impression d'être toujours l'intruse parce que j'étais souvent loin de chez moi.

Texte à l'écran :

En juillet 2022, le pape François s'est rendu au Canada pour présenter des excuses au nom de l'Église catholique pour le rôle qu'elle a joué dans le système des pensionnats

En tant que membre d'une équipe d'interprètes en langues autochtones, Jeannie a été invitée à traduire le discours du Pape en inuktitut lors de l'événement en direct

Jeannie Manning :
Je me suis senti honorée qu'on approche ou qu'on me demande d'interpréter dans le cadre de cet événement. Au début, je pensais que peut-être je n'étais pas vraiment qualifiée parce que je n'étais pas alléE dans une école catholique. Mais mes collègues m'ont dit : peu importe l'école que tu as fréquentée, c'est ta langue qui doit être entendue, qu'ils veulent entendre et utiliser pour que les gens écoutent ce que le Pape a à dire.

Je me suis senti honorée, non pas parce que c'était le Pape, mais parce que je représentais les personnes mêmes qui avaient été blessées, qui avaient été lésées. Le fait de pouvoir transmettre les paroles prononcées et les faire comprendre à mon peuple a été quelque chose qui m'a vraiment touchée.. C'est surtout parce que bon nombre de personnes, si elles n'avaient pas reçu d'excuses de la part des religieux qui leur ont fait du mal dans le passé, auraient continué à souffrir. Vous savez, juste le fait d'entendre les mots « Je suis désolé », c'est comme si cela commençait à guérir une blessure. Les excuses ont mis du temps à venir. Cela aurait dû être fait depuis longtemps, car tant de personnes ont souffert des répercussions des pensionnats et des mauvais traitements qu'elles ont subis dans les écoles catholiques.

J'ai été profondément touchée en voyant la douleur de nombreuses personnes qui ont vécu dans les pensionnats ou qui ont perdu leurs enfants et/ou leurs proches dans les pensionnats. Cela m'a touchée parce que je suis une personne familiale et le fait de perdre une famille est douloureux, surtout quand on ne s'y attend pas. Vous savez, si j'avais une sœur qui était malade et qu'elle était à l'hôpital sur son lit de mort, ce serait une mort attendue. Mais lorsqu'on entend parler de pertes tragiques, cela n'affecte pas seulement le cœur, cela affecte l'âme et la vie des personnes qui ont subi ces pertes. Alors oui, j'ai ressenti des émotions et de la compassion pour les personnes qui ont perdu leurs enfants et leurs proches dans les pensionnats.

Le moment le plus mémorable a été celui où la belle femme crie s'est levée devant une foule et a chanté « Oh, Canada » en langue crie. C'était un moment riche en émotions, et un appel à la justice, le tout dans une seule voix. Et je la remercie d'avoir eu le courage de faire cela.

Texte à l'écran :

Jeannie est déménagée à Ottawa en 2013, où elle travaille actuellement à maintenir vivante la langue et la culture inuites

Jeannie Manning :
Je travaille avec Isaruit, qui signifie ailes, mais c'était strictement mis en place, enfin principalement mis en place, pas strictement, mais principalement mis en place pour les femmes qui font de la couture. Les femmes, les femmes inuites qui aiment coudre ou faire de l'artisanat voulaient se réunir pour socialiser et faire vivre la langue et faire vivre leur culture par la création. Mais cela s'est étendu aux arts inuits d'Isaruit, où il n'y a plus seulement que des femmes, mais aussi des hommes qui apportent leurs compétences, leurs compétences en fabrication d'outils, à cette organisation qui maintient notre culture vivante ici au Canada, ici dans le Sud, où vous voyez beaucoup d'outils, comme un ulu ou un naulak, qui est une lance dans le Nord. Vous ne les voyez pas parce qu'ils ne sont pas utilisés ici. Mais pour préserver notre culture et notre patrimoine, nous devons préserver notre histoire. Et c'est ainsi que nous procédons en fabriquant les outils qui étaient la clé de la survie des Inuit, comme le qulliq, la lampe, qui était l'un des outils clés de la survie des Inuit.

Texte à l'écran :

La langue inuktitut doit être préservée et revitalisée

Jeannie Manning :
J'aimerais que la langue soit maintenue chez les Inuit, qu'elle soit revitalisée là où elle a été perdue, comme la plupart des membres des Premières Nations revitalisent leurs langues.

J'aimerais voir d'autres personnes intéressées à apprendre notre langue, nous approcher et nous dire : « Nous aimerions apprendre l'inuktitut, y a-t-il un moyen? » Si nous voulons enseigner l'inuktitut, nous devons créer une école ici ou créer des classes ou des programmes où l'inuktitut peut être enseigné. Mais ce sera uniquement ouvert, cela ne devrait être ouvert qu'aux personnes intéressées. Nous n'allons pas forcer les gens à apprendre notre langue, nous sommes déjà passés par là.

Et cela favorisera probablement davantage la réconciliation, car beaucoup de gens que je connais ici, qui sont un peu plus âgés que moi, sont encore timides pour s'exprimer. Et les plus jeunes, leurs lèvres sont scellées on dirait. Ce serait donc vraiment bien si les Inuit et les non-Inuit pouvaient interagir socialement ou dans une salle de classe et apprendre l'inuktitut s'ils le souhaitent.

(Parlant en inuktitut). Je viens de dire, pour nous, Inuit, ne nous laissons pas gêner par les montagnes qui se trouvent devant nous. Continuons avec foi et n'abandonnons jamais.

Texte à l'écran :

« Je veux que l'inuktitut reste vivant. Une langue vivante pour mon peuple et disponible pour ceux qui veulent l'apprendre. »

Jeannie Manning

Mot-symbole Canada

Jessie Sylvestre

Transcription

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Les anciens élèves des pensionnats peuvent composer le 1-866-925-4419 pour obtenir des services de référence en cas de crise émotionnelle et de l'information sur d'autres services de soutien en santé offerts par le gouvernement du Canada.

La Ligne d'écoute d'espoir pour le mieux-être est également disponible et offre des services de counseling et d'intervention en cas d'urgence aux Autochtones du Canada, 24 heures sur 24, 7 jours sur 7. Pour joindre la ligne d'écoute, composez sans frais le 1-855-242-3310 ou connectez-vous au clavardage en ligne à espoirpourlemieuxetre.ca.

Texte à l'écran :

Avancer vers la réconciliation
Le traitement des préjudices du passé et la guérison

Jessie Sylvestre est une locutrice de la première langue dénée de la Buffalo River Dene Nation

Jessie Sylvestre, docteure en éducation
Buffalo River Dene Nation ejeredeséche,
Saskatchewan

Jessie Sylvestre :
Je m'appelle Jessie Sylvestre. Je viens de la Buffalo River Dene Nation. (Parlant la langue dénée). Mon nom cérémoniel autochtone est Warrior Woman. C'est ce que je viens de traduire.

Texte à l'écran :

Jessie a eu une enfance riche en baignant dans la langue et la culture dénées jusqu'à l'âge de six ans.

Jessie Sylvestre :
Enfant, j'ai grandi sur la terre. Mes parents pratiquaient le mode de vie nomade. Et donc, je ne connaissais pas l'anglais jusqu'à l'âge de six ans. Avant cela, nous vivions sur la terre et nous n'avions jamais de maison. Nous vivions essentiellement dans des tentes et notre principal moyen de transport était la rivière. Alors, nous voyagions en canot et mon père avait aussi un bateau. Enfants, on nous donnait des rôles alors que nous grandissions et nous apprenions comment nous pouvions subvenir à nos besoins en tant que Dénés, mais nous ne trouvions pas que c'était une corvée. C'était qui nous étions et ce qu'on attendait de nous. Donc, nous transportions de l'eau. Nous transportions du bois. Si mon père posait des pièges à lapins, nous étions tous là. Nous recevions tous un piège, alors nous savions comment piéger les lapins. Tout était dans la langue.

Texte à l'écran :

À l'âge de six ans, Jessie a été enlevée de force à sa famille pour fréquenter le pensionnat indien de Beauval.

Jessie Sylvestre :
Nous n'avions eu aucun contact avec les colons qui étaient arrivés et n'avions jamais entendu parler anglais jusqu'à ce que nous soyons enlevés. De nous cinq, quatre d'entre nous ont été enlevés. Je pense que c'était en 1966 ou 67, et c'est la toute première fois que nous avons entendu de l'anglais, et pour la toute première fois, c'est à ce moment-là que nous avons vu des gens non autochtones, et c'était le prêtre et la religieuse. Ils sont venus dans leur élégante voiture noire. C'est alors que j'ai appris l'anglais. Assez rapidement, j'ai appris l'anglais... J'adore lire et c'était probablement ma façon de faire face à la solitude que nous avons tous vécue dans les pensionnats parce que nos parents n'y étaient pas. Et donc c'était ma façon de gérer la solitude, c'était de m'isoler dans un coin et de lire. J'ai lu beaucoup.

Texte à l'écran :

Les connaissances et la culture dénées de Jessie ne l'ont jamais quittée.

Jessie Sylvestre :
Cette langue est également parlée dans le nord du Manitoba, autour de la région du Lac Brochet où il y a également des Dénés, et ils étaient connus sous le nom de (elle s'exprime en langue dénée). Mais parce que c'était une région anglicisée, ils l'ont appelé Lac Brochet. Donc, notre langue dénée depuis le sud-ouest du sud, ce sont les Apaches et les Navajos, ils sont tous également Dénés.

Donc, si je voyage en Arizona, je peux communiquer avec les Diné, les Navajos là-bas. Et je pourrais voyager en Alaska et communiquer avec les Diné là-bas aussi. Donc, nous avons beaucoup de noms comme je l'ai dit, les Diné, les Navajo, les Apache. Il y a les Chipewyan, il y a les Athabaskan, puis il y a les Gwich'in et les Dogrib.

Texte à l'écran :

La langue dénée doit être entendue.

Jessie Sylvestre :
Nous sommes à une époque où notre langue doit être entendue. Nous devons continuer à la parler, à la défendre, à l'écrire et à la traduire et à toujours être avec les Aînés pour établir un lien, retourner à la terre et être avec la terre. Et c'est là que se trouve l'interdépendance de ce que nous sommes en tant que peuples autochtones, en tant que peuple déné, c'est là que nous nous sentons en phase avec la terre, parce que c'est qui nous sommes. Les Aînés me le rappellent  : « Jessie, tu vis dans une ville, mais sois consciente. Il faut retourner à la terre ». Et donc, je fréquente la terre et je prends part à des cérémonies et c'est parce que je n'ai pas grandi avec les cérémonies. Étant au pensionnat, il n'y avait pas de cérémonies, il n'y avait pas de plumes d'aigle, il n'y avait pas de foin d'odeur, il n'y avait pas de purification, du jamais vu avant que je commence mes études à l'université. Et puis j'ai réalisé « Oh, mon Dieu, vous savez, comme, oh là là, je suis Denee et je vis une vie non autochtone, vous savez, la façon dont je parle, la façon dont je m'habille, ce que je mange, mes pensées ». Donc, cela m'a pris de nombreuses années et je suis encore en train de désapprendre et de réapprendre qui je suis en tant que femme dénée, en tant que guerrière dénée.

Et personnellement, ce fut un cheminement difficile. Ce fut un cheminement vraiment difficile. J'ai dû réapprendre et défaire tellement de choses que cela m'a causé beaucoup de mal.

Donc, avec le cheminement de la décolonisation, comme je l'ai dit, c'est probablement l'un des cheminements les plus solitaires que je fasse. Avec où j'en suis, je ne pense pas que je ne redeviendrai jamais cette petite fille qui a été enlevée à l'âge de six ans et qui s'est conformée aux manières coloniales dans tout et qui n'a jamais appris qui je suis en tant que petite fille dénée. Et nous avons été réduits au silence. Nous n'avions pas le droit de parler et d'être entendus.

Texte à l'écran :

En juillet 2022, le pape François s'est rendu au Canada pour s'excuser au nom de l'Église catholique pour le rôle qu'il a joué dans le système des pensionnats.

En tant que membre d'une équipe d'interprètes de langue autochtone, Jessie a été invitée à traduire le discours du Pape en déné lors de l'événement en direct.

Jessie Sylvestre :
Eh bien, quand j'ai reçu le courriel d'Ottawa pour la première fois, j'étais vraiment excitée. Cela m'a vraiment excitée. Et puis j'ai pensévous savez, le pape, c'était quelque chose que je devais vraiment prendre en compte pour que je puisse pleinement comprendre le but de mon voyage à Ottawa.

Il m'a fallu de nombreuses années pour quitter l'église à cause de la culpabilité qu'ils m'ont instillée.

Et donc, j'ai parlé à quelques Aînés et ils ont dit « …ta langue sera entendue, Jess ». Les gens vont entendre ta langue au Canada. Et donc ça m'a encouragée.

Il y a des moments où je suis devenue émotive parce que je pensais aussi à mes parents, mais personnellement, pour moi-même, émotionnellement, j'ai juste eu des moments de colère du genre, comment osez-vous? Et vous n'êtes pas honnêtes. Par exemple, soyez honnêtes avec nos gens et dites la vérité. Vous ne devriez pas avoir à lire un texte pour prononcer des excuses; nos gens disent toujours que si nous voulons nous excuser, cela doit venir du cœur. Cela ne devrait pas être quelque chose que quelqu'un d'autre a écrit et que vous lisez, car il y a automatiquement une déconnexion.

Il y a eu de vrais moments d'émotion, mais il fallait s'y attendre. Et bien sûr, beaucoup d'entre nous étaient en colère quand nous étions là-bas. Mais il fallait être prudent. Et avec les encouragements de l'équipe de RCAANC là-bas, dès que vous êtes en cabine d'interprète, vous savez, mon travail consiste à traduire et à mettre de côté mes émotions de colère pour le moment.

J'ai été au pensionnat pendant dix ans de ma vie. Et donc, fondamentalement, ce que j'ai appris jusqu'à l'obtention de mon diplôme en 1978, c'était tout l'enseignement colonial occidental, et j'ai aussi appris à parler et à bien articuler en anglais. Mais en même temps, je maintenais ma langue dénée presque en silence. Et donc, quand nous faisions la traduction pour la visite du Pape, cela a rappelé de mauvais souvenirs et beaucoup d'entre eux n'étaient pas très bons, vous savez, avec les sévices qui se sont produits pendant qu'ils étaient là. Et ils étaient vénérés, les prêtres étaient vénérés comme les Saints qui n'avaient jamais fait de mal.

C'est la solitude et le sentiment d'isolement qui sont revenus quand j'ai vu tous les prêtres et le Pape, des hommes très patriarcaux et rigides. Je me sentais presque malade en les regardant. Et puis j'ai pensé, comment notre peuple peut-il encore s'agenouiller et s'incliner et permettre à ces gens de se conformer à leur façon de penser? Cela m'a mis en colère parce que je réfléchissais à quand j'étais enfant. Nous étions séparés, ma sœur et moi, Marlene, et mes frères, James et Delbert. Delbert est le plus jeune. Nous n'avions pas le droit de nous voir. Alors ces souvenirs sont revenus.

Il y aura toujours nos souvenirs. Nous avons des déclencheurs presque tous les jours. Je sais qu'on nous dit : « Continue ta vie, Jess ». Eh bien, j'ai continué ma vie, vous savez. Je sens que je suis instruite maintenant avec un baccalauréat en éducation. J'ai fait une maîtrise et je viens d'obtenir mon diplôme de doctorat. Mais les souvenirs seront toujours là. Même si vous essayez vraiment d'oublier, l'odeur d'un cigare déclenchera le souvenir d'un prêtre assis derrière un bureau où, vous savez, des agressions ont eu lieu, ce genre de choses. Les vieux meubles, l'odeur des vieux meubles, les longs rideaux, vous savez, ces retours en arrière reviennent tout le temps, tous les jours quand on entre dans des immeubles. J'ai toujours besoin de quelques secondes pour me ressaisir, mais les gens ne comprennent pas. Et donc, c'est une chose quotidienne pour beaucoup de survivants, les guerriers, ils se battent pour être qui ils sont et retrouver qui nous sommes. Et donc ces souvenirs sont revenus, vous savez, alors que nous étions assis là. Et je devais garder mon sang-froid et traduire du mieux que je pouvais. Mais quand l'équipe s'est réunie, nous sommes devenus une famille avec les 23 d'entre nous qui étions là, et avec l'équipe de RCAANC, je veux dire, nous formions une belle équipe.

Texte à l'écran :

Jessie a passé sa vie à défendre la préservation de la langue et de la culture dénées.

Jessie Sylvestre :
Je sais qu'ils ont des statistiques et nous les avons faites dans nos propres nations. À l'heure actuelle, nous ne l'avons pas complètement perdu, mais nous ne pouvons pas être trop à l'aise avec où nous en sommes. Nous devons encore encourager nos éducateurs et nos dirigeants à vraiment mettre notre langue, notre culture et nos cérémonies au premier plan. Parce que si cela n'est pas encouragé, alors nous sommes aussi en crise et nous y sommes presque.

Alors maintenant, avec les enseignements basés sur la terre qui se produisent, de nombreux enfants sont de retour sur la terre. Et je dois encourager nos éducateurs et enseignants dont les cours sont axés sur la terre à parler la langue là-bas et à faire participer les enfants aux chasses et à les laisser faire le dépeçage, le nettoyage et ce qui doit être fait pour être ramené à la maison.

Nous devons vraiment rassembler nos esprits collectivement et élaborer des stratégies en termes de moyens par lesquels nous pouvons aider à revitaliser nos langues autochtones et notre langue denesoline.

J'encouragerais vraiment à ce que les langues dénées soient parlées dans les écoles, dans les lieux de travail, dans les magasins, au bureau de la bande, dans la langue. Les réunions devant se dérouler dans la langue, nos radios devant faire parler les langues à tout moment.

Nous devons vraiment défendre qui nous sommes avec les langues et vraiment nous battre pour cela et faire ce que nous pouvons pour réveiller ce qui a été mis au repos.

Texte à l'écran :

« Quand on parle dans notre langue, ça a un esprit et c'est sacré. Alors, ça prend vie. »

Jessie Sylvestre

Mot-symbole Canada

Norman Fleury

Transcription

Avertissement!

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Texte à l'écran :

Avancer vers la réconciliation
Le traitement des torts du passé et la guérison

Norman Fleury est né sur une petite ferme près de la communauté métisse de St. Lazare, au Manitoba.

Norman Fleury
Aîné métis/michif

Norman Fleury :
Je m'appelle Norman Fleury ; je suis né et j'ai grandi dans une petite communauté appelée St. Lazare, au Manitoba, à la jonction des rivières Qu'Appelle et Assiniboine. Il y avait un fort, appelé Fort Ellice, et mon arrière-grand-père a aidé le père DeCorby à établir des missions, et c'est une des missions qui a été fondée. Mais après la première résistance, certains Michif se sont déplacés vers l'Ouest et l'un des endroits, c'était Fort Ellice. Et les gens sont restés là-bas et ont développé d'autres communautés comme Ste. Madeleine. Mon père est né à Ste. Madeleine et ma mère est née à Asessippi, au Manitoba, près de Roblin. Mon grand-père avait une ferme familiale, puis ils ont déménagé à St. Lazare. Par la suite quand il est venu de Saint-Laurent, au Manitoba, à la fin des années 1 800, avec deux de ses frères, ils sont allés à Fort Ellice, puis à St. Lazare et ils ont acquis des fermes familiales. Ils ont d'abord eu un certificat des Métis (« Metis scrip »), puis des fermes familiales. Il fallait 10 $ pour acheter un quart de section de terre. Il fallait la développer. Il fallait défricher dix acres de terre. Il fallait construire une maison et un bâtiment pour dire que l'on allait s'y établir. Donc, je suis né sur cette petite ferme, dans la section 41728, et, à ce jour, mes deux neveux sont toujours propriétaires de cette propriété. Huit générations y ont vécu; c'est une ferme familiale qui a été établie à la fin des années 1 800. Donc, là où je suis né et où j'ai grandi, c'était principalement une communauté michif et une communauté française.

Texte à l'écran :

Norman a toujours parlé michif.

Il a un lien émotionnel profond avec ce que signifie être Michif.

Norman Fleury :
Notre première langue était le michif. Quand je suis né, ma mère, ma grand-mère m'ont élevé en langue michif et ma mère parlait en michif. Donc, tout ce que je connaissais avant d'aller à l'école, c'était le michif. Je suis allé à une école qui s'appelait l'école Ellice, et c'était une ancienne école qui a été créée alors qu'il n'y avait pas de regroupement d'écoles. Par la suite, les gens se sont regroupés parce que la distance faisait une grande différence à cette époque. Il n'y avait pas d'autobus. Alors, des gens comme mon grand-père nous emmenaient à l'école dans une voiture tirée par des chevaux.

Je parle encore toutes mes langues. Je parle sept langues, et c'est comme nos ancêtres, parce qu'ils ont été les médiateurs et les médiums de la construction du Canada et que la langue michif était la langue commerciale même lors des chasses au bison.

Les peuples des Premières Nations, comme notre Iron Alliance que nous avions créée en 1821, nous avons toujours travaillé avec les Assiniboine et les Chippewa, c'est-à-dire les Saulteaux, et c'est ici. Et aux États-Unis, c'est les Chippewa, et il y a les Cris et les Michif. Ainsi, nous travaillons toujours côte à côte. Et cette Iron Alliance aurait dû être célébrée il y a quelques années, il y a deux ans en fait, car c'était une grande, grande occasion. Au moment où l'alliance a été conclue en 1821, c'était l'un des plus grands rassemblements de Michifs, de Cris, de Chippewas et d'Assiniboines. Il y avait environ 1 500 danseurs. Ils ont fait une danse du soleil.

Ce sont les histoires, ce sont mes relations. Je n'ai jamais perdu mon identité.

Sans votre langue, il n'y a pas d'identité. Vous pouvez être un gouvernement, vous pouvez faire de la politique, vous savez, un peuple qui « vous savez qui nous sommes et nous voulons l'autonomie gouvernementale », mais on vous répond que vous devez avoir une identité précise en vertu de l'article 35. Il y a trois groupes autochtones, les Premières Nations, les Inuit et les Métis. Ainsi, les Premières Nations et les Inuit racontent leur histoire. Nous devons raconter la nôtre. Et c'est là où nous en sommes. Comme je le fais alors que je suis assis ici avec vous aujourd'hui, avec mes souvenirs du passé et mes histoires d'aujourd'hui. Comment puis-je regarder vers l'avenir si nous ne mettons pas tout cela ensemble. Nous devons accueillir nos jeunes, car sans nos jeunes enfants, nous n'avons pas d'avenir. Je suis le passé. C'est l'avenir des jeunes enfants comme ma petite-fille qui a quatre ans. Cela fait deux ans qu'elle est à l'école et qu'elle est inscrite dans le programme préscolaire en langue michif et elle commence à la parler. Donc, pour moi, c'est la vie. C'est un donneur de vie. Ce cercle de vie continue alors que nous continuons d'avancer par l'entremise de nos jeunes enfants. J'étais l'un d'entre eux à un moment donné, et mes grands-parents ont dit, c'est ton tour maintenant. Nous vous donnons toute cette histoire. Vous êtes nos professeurs. Vous êtes notre avenir. Et ils me l'ont donné. C'est pourquoi dans mon cœur et dans mon esprit, c'est quelque chose qui me touche vraiment. C'est une passion pour moi. Quand je parle de Louis Riel et que je parle de mes grands-parents, l'adrénaline coule dans mes veines. Ça chauffe, ça devient puissant. C'est qui je suis. Beaucoup d'entre nous étions comme moi à un moment donné. Il y en a encore, mais il en faut plus pour avancer.

Texte à l'écran :

Le michif est apparu pendant la traite des fourrures et a évolué pour devenir une langue distincte chez les Métis des hautes plaines.

Norman Fleury :
Nous avons toujours été un gouvernement. Nous avons toujours été un peuple autonome parce que nous avions une assise territoriale. Nous avions aussi notre propre langue. Nous avions, vous savez, 1,4 million d'acres de terres qui nous ont été attribuées ou laissées par le gouvernement fédéral pour nos bénéficiaires, nos ancêtres. Donc, nous avons toujours été un peuple et nous avons toujours été un peuple culturellement axé sur la terre. Ma grand-mère ou mon grand-père disait « (parlant la langue michif) », nos habitudes, vous savez, nos propres habitudes. Nous sommes un peuple très, très unique. Nous étions le meilleur des deux mondes d'ascendance européenne et michif de Français, et de Cris, de Saulteux et d'Assiniboines. Et nous avons développé notre propre langage. Nulle part dans le monde, il n'y a de groupes de deux familles qui se sont réunis et sont devenus une seule famille. Le peuple le plus unique est celui des Michifs et de leur langue.

Texte à l'écran :

En juillet 2022, le pape François s'est rendu au Canada pour s'excuser au nom de l'Église catholique pour le rôle de celle-ci dans le système des pensionnats.

En tant que membre d'une équipe d'interprètes de langue autochtone, Norman a été invité à traduire le discours du Pape en michif lors de l'événement en direct.

Norman Fleury :
J'y suis allé pour représenter mon peuple plus que le Pape. Cette histoire serait de toute façon racontée à tout moment sur le Pape, mais sans notre inclusion, ce ne serait pas le cas. Et c'était dur. Ils n'ont pas pu trouver de traducteur, d'interprète, et on a pensé à moi parce que je parle sept langues et que je suis capable de parler cette langue et que je connais l'histoire de la langue. Et parce que le catholicisme est l'une des plus grandes caractéristiques de la Nation des Michifs, nous sommes catholiques depuis des temps immémoriaux. Et Louis Riel, notre chef était un catholique fidèle comme tous nos ancêtres. Alors, quand j'y suis allé, j'ai pensé à eux. J'ai pensé à mes grands-parents. J'ai pensé à tant de gens qui disaient : « Wow, c'est un moment important de notre vie, d'être en mesure de donner ça au monde », c'est là que le Canada a appris, le monde a appris.

Donc, quand je suis allé là-bas, c'était cette connexion spirituelle avec Dieu qui était importante. Ai-je rencontré le Pape personnellement? Non. Était-ce important de le rencontrer? Non, ce n'était pas important. Ce qui importe, c'est que nous nous rassemblons tous et comprenons qu'il y a une représentation de la langue michif durant cet événement. Selon moi, nous avons marqué l'histoire, nous nous sommes entendus. Et moi assis là, tout seul, là où les autres nations en avaient deux ou trois et j'étais seul.

Mais j'ai relevé le défi, je l'ai fait. Et je suis très heureux de l'avoir fait. On m'a installé dans une petite cabine. Et de nombreuses personnes m'ont offert de l'aide. Ils ne m'ont pas laissé seul. J'ai eu de l'aide. Et cela m'a vraiment donné plus d'encouragement parce que je n'étais pas seul. Nous sommes une famille parce que nous sommes avec des Autochtones et d'autres peuples. C'est ce qui m'a vraiment donné le plus d'encouragement. J'ai pensé à moi, quand j'étais enfant de chœur, quand j'allais à l'église de St. Lazare, au Manitoba, quand j'ai fait ma confirmation et que j'ai réaffirmé ma foi. Donc, d'une certaine façon, c'est comme si nous réaffirmions toujours notre foi. C'était une autre forme de confirmation. Ça a vraiment, vraiment aidé d'être là pour parler. Nous avons bien commencé la matinée. Nous avons commencé par la prière. J'ai donné, vous savez, la bénédiction ce matin-là à d'autres personnes. Et nous avons développé cette compréhension l'un de l'autre parce que nous ne nous connaissions pas.

C'était certes un défi parce que cela n'avait jamais été fait de cette façon. C'était une autre forme de revitalisation de notre langue. C'était une autre manière d'inclure la terminologie. Si je n'avais pas été catholique et que j'avais assisté à ces cérémonies à l'église, je n'aurais pas compris grand-chose de ce que les prêtres, ce que disaient le Pape et les prêtres lors de ces grandes célébrations à Edmonton et aussi à Lac Ste. Anne.

Mais ce qu'il y a de plus unique, c'est que les Premières Nations ont joué un grand rôle et les Métis ont participé à la cérémonie, dès le premier jour, si je me souviens bien. Donc, pour moi, cela signifiait beaucoup, je me sentais comme, wow, nous avons parcouru un long chemin et nous dirigeons maintenant, le processus, en tant que peuple autochtone, comme nous l'entendons. Bien sûr, le Pape devait avoir ses propres gardes et vous savez, c'est une autre façon de faire?. Mais nous pouvions marcher avec les Premières Nations et les Métis, aller au cimetière, aller au Lac Ste. Anne, faire le pèlerinage et reconnaître les miracles qui se sont produits là-bas dans ces eaux, dans ces eaux sacrées.

Et j'étais là pour représenter mon peuple, ma nation, pour nous représenter avec fierté, afin que nous puissions aller de l'avant et que nos enfants puissent dire : « Voici ce qui s'est passé, voici ce que notre nation a fait, voici ce que nous pouvons faire », pour acquérir cette indépendance, vous savez.

Texte à l'écran :

Pour Norman, la partie la plus importante du michif est le lien spirituel qu'il a avec la terre.

C'est une langue fondée sur la narration culturelle.

Norman Fleury :
En 1990, nous avons eu une conférence linguistique à Yorkton. Il y avait ceux qui parlaient la langue et la comprenaient, mais ne la lisaient pas et ne l'écrivaient pas. Et puis il y avait ceux qui parlaient la langue, la lisaient et l'écrivaient. Ensuite, il y avait ceux qui comprenaient la langue, mais ne savaient pas la parler, et ceux qui ne savaient pas parler la langue, et encore moins la lire. Donc, il y avait ces différents groupes, mais au moins, il y avait des gens qui comprenaient encore la langue, mais qui voulaient la parler. Ceux-ci pourraient donc être vos futurs professeurs parce qu'ils ont la compréhension. Mais ce n'est pas une question de mots, parce que ces mots, les mots comptent, et il y a une capacité de construction culturelle dans ces mots. On peut demander à quelqu'un d'enseigner des mots, mais si cette personne ne comprend pas ces mots, et chaque mot qu'on utilise, en particulier les mots d'action en michif, a une histoire qui y est rattachée. Cette histoire doit être racontée. Elle a un fondement culturel. Elle est la base. Donc, vous pouvez trouver cet équilibre et ce que nous devons faire, c'est établir cet équilibre et cette compréhension et formuler et bâtir ensemble.

(Parlant la langue michif) J'ai parlé un peu de ma langue aujourd'hui. (parlant la langue michif) Je suis très fier d'être assis ici (parlant la langue michif) pour raconter au Canada l'histoire de ces personnes spéciales dans ce pays et qui nous sommes, afin que nous puissions continuer à travailler ensemble au Canada. Nous ne voulons pas nous séparer. Nous voulons être les mêmes personnes, avoir la même compréhension, mais nous devons encore raconter nos histoires en tant que nation qui fait partie de ce pays. C'est ce que nous devons faire et en être fiers. Maarsii.

Texte à l'écran :

« En tant que peuple distinct, nous voulons nous assurer que la présence métisse et michif est entendue, valorisée et respectée. »

Norman Fleury

Mot-symbole Canada

Susie et Dolly Alfred

Transcription

Avertissement!

Le présent site Web traite de sujets pouvant être traumatisants pour le lecteur.

Les anciens élèves des pensionnats peuvent composer le 1-866-925-4419 pour obtenir des services de référence en cas de crise émotionnelle et de l'information sur d'autres services de soutien en santé offerts par le gouvernement du Canada.

La Ligne d'écoute d'espoir pour le mieux-être est également disponible et offre des services de counseling et d'intervention en cas d'urgence aux Autochtones du Canada, 24 heures sur 24, 7 jours sur 7. Pour joindre la ligne d'écoute, composez sans frais le 1-855-242-3310 ou connectez-vous au clavardage en ligne à espoirpourlemieuxetre.ca.

Texte à l'écran :

Avancer vers la réconciliation
Le traitement des torts du passé et la guérison

Susie Alfred et sa fille, Dolly Alfred, sont du clan Tsayu (Beaver).

Susie Alfred :
Mon nom complet est Susie Alfred et mon nom traditionnel est Ts'akë ze' Wilat. Et, j'appartiens au clan Beaver, le clan Tsayu.

Texte à l'écran :

Dolly Alfred
Ambassadrice de la langue et de la culture witsuwit'en

Dolly Alfred :
(Parlant Witsuwit'en), Dolly. Je m'appelle Dolly. (parlant witsuwit'en) Susie Alfred (parlant witsuwit'en) Henry Alfred. Le nom traditionnel de ma mère est Wilat. Son nom anglais est Susie Alfred et le nom de mon défunt père est (parlant witsuwit'en), nom anglais, Henry Alfred.

(Parlant Witsuwit'en) J'habite à Witset.

Witset est situé dans le centre nord-ouest de la Colombie-Britannique, entre Prince Rupert et Prince George et à 32 kilomètres de Smithers.

Texte à l'écran :

Susie Alfred, Wila'at
Aîné Wet'suwet'en

Susie Alfred :
Witset signifie la rivière qui coule près de la communauté. La rivière coule, et près de notre village, il y a un canyon et il descend. Witset signifie qu'il baisse. Et c'est ainsi que nous avons obtenu le nom, village Witset, il y a des années. C'est le nom de la rivière.

Texte à l'écran :

Les deux femmes parlent couramment le wet'suwet'en

Susie Alfred :
Je suis née et j'ai été élevée dans notre langue par ma mère, ma grand-mère et mon grand-père. Je parlais aussi anglais en grandissant parce que mon père est Gitxsan, c'est une autre nation de notre village et il ne parle pas notre langue, alors il nous parle anglais. Donc, nous avons grandi en parlant l'anglais et notre langue, le witsuwit'en.

Dolly Alfred :
Mon père et ma mère nous ont parlé witsuwit'en, et pareil avec ma grand-mère. Nous étions toujours avec ma grand-mère dans le fumoir. Ou on montait là-haut en été, on allait le visiter.

Texte à l'écran :

Il faut absolument protéger et revitaliser la langue witsuwit'en

Dolly Alfred :
La population de Witset est de 700 personnes et il y a environ 70 personnes qui le parlent couramment.

Susie Alfred :
Le total de locuteurs est de 5 000.

Dolly Alfred :
Oui.

Susie Alfred :
Parce qu'ils vivent tous ailleurs et qu'il y en a très peu à la maison. Les locuteurs qui le parlent couramment, nous les perdons. Nous représentons aujourd'hui 1 % des personnes qui parlent couramment la langue, soit très peu. Si nous ne revitalisons pas notre langue, nous allons la perdre. C'est pourquoi nous y travaillons dur, en enseignant aux plus jeunes, en particulier aux petits bébés, non pas aux bébés, mais aux enfants de trois ans et plus, ouais. Et puis il y a les personnes d'âge moyen avec qui nous essayons de bâtir, de revitaliser notre langue.

Mais j'espère que le gouvernement fournira des fonds pour que nous puissions redonner vie à notre langue. C'est très important et nous ne pouvons pas la perdre.

Dolly Alfred :
Dans le passé, avec les pensionnats, les externats et la rafle des années 60, ils ont essayé de nous assimiler et ils ont essayé de nous enlever notre identité. Et j'aimerais dire aux Canadiens que les Wet'suwet'en sont toujours là et que nous parlons toujours notre langue. Nous avons toujours notre culture et notre identité et bien que nous ne représentions que 1 % de la population, nous avons une classe d'immersion et le witsuwit'en est enseigné à la garderie et à l'école primaire. Et j'enseigne le witsuwit'en à l'école publique.

Texte à l'écran :

En juillet 2022, le pape François s'est rendu au Canada pour s'excuser au nom de l'Église catholique pour le rôle de celle-ci dans le système des pensionnats.

En tant que membres d'une équipe d'interprètes de langue autochtone, Susie et Dolly ont été invitées à traduire le discours du pape en witsuwit'en lors de l'événement en direct.

Susie Alfred :
Lorsque nous avons reçu l'appel nous indiquant que nous allions à Ottawa, j'étais tellement honorée que j'allais parler ma langue, traduire et transcrire pour le pape. J'ai été tellement honorée parce que je n'ai jamais vu le pape du tout, c'était la première fois, et j'ai été très honorée. Mais en cours de route, ça devenait parfois très difficile. De temps en temps, je deviens très émotive parce que ma mère et mes deux oncles ont été envoyés dans un pensionnat et ils ont vécu des moments très difficiles, et ma mère avait l'habitude de pleurer à ce sujet, à propos de la façon dont ils ont été traités. Et moi, je suis allée à l'externat indien, où il y avait les religieuses et les prêtres et les frères, et ils n'étaient pas très gentils avec nous.

Mais j'ai quand même terminé ma huitième année à l'externat indien. C'était très difficile. J'étais tellement honorée d'une certaine manière, je regardais le pape François arriver à Edmonton ou je le regardais sur une vidéo, et tout à coup, je pensais à ce que maman m'avait dit, et dans ce temps-là, je deviens très émotive, je m'étouffe et je dois essayer de me contrôler. Mais d'une certaine manière, dans l'ensemble, j'ai été très honorée d'être appelée.

Dolly Alfred :
J'ai reçu un courriel de Marianne me demandant si maman et moi pouvions traduire les excuses du pape et traduire ses paroles. J'étais à la maison et j'étais toute excitée et nerveuse parce que maman et moi, eh bien, nous avons dit à Marianne que nous serons là pour représenter les Wet'suwet'en. Et oui, nous étions à la fois bouleversées, nerveuses et excitées.

C'était parfois émouvant de penser à ma grand-mère qui est allée au pensionnat, à mes deux oncles et à ce qu'ils ont dû endurer, à ma mère qui est allée à l'externat et à moi qui suis allée à l'externat. J'étais très émue parce que le pape n'a rien dit au sujet des externats. Nous avons été traités de la même manière que dans un pensionnat. La seule différence, c'est que nous pouvions rentrer chez nous. J'ai surmonté ce sentiment en regardant maman, et je me suis dit que nous avons un travail ici. Nous avons un travail ici à faire. Nous devons traduire les paroles du Pape et faire savoir au monde que les Wet'suwet'en sont toujours là et que nous parlons toujours notre langue.

Texte à l'écran :

Dolly est une ambassadrice en ligne des Witsuwit'en et de leur culture.

Dolly Alfred :
I cela s'appelait Witsuwit''en Wednesday. Mais je l'ai changé pour Witsuwit'en Wilhatatdzïn, c'était il y a six ans.

J'enseigne la phrase ou le mot Witsuwit'en Wilhatatdzïn sur les réseaux sociaux. Et la raison pour laquelle j'ai créé Witsuwit'en Wilhatatdzïn est pour donner aux Witsuwit'en en milieu urbain une chance de conserver leur langue ou d'apprendre la langue parce qu'ils ne sont pas entourés d'Aînés ou de personnes qui le parlent couramment.

Susie Alfred :
Il y a un an, nous avons lancé le dictionnaire. Et c'est ce que les plus jeunes vont apprendre. C'était donc un gros projet que nous avons réalisé. À l'époque où mon défunt mari était encore en vie, nous avons écrit deux livres d'histoire, cela nous a pris cinq ans. C'était la première édition et la deuxième édition du livre d'histoire.

Ça s'appelle (parlant witsuwit'en). C'est le travail de nos ancêtres, c'est ce que cela signifie. Et il a été écrit en anglais et en witsuwit'en, or nous avons aussi ce livre. Nous avons travaillé dur au fil des ans. Un tel projet prend beaucoup de temps, il faut mettre en commun les histoires, ce qu'ils font tous sur la terre, sur la rivière, sur les lacs… Beaucoup d'histoires de chasse, de trappe, de vie sur le territoire, etc..

Texte à l'écran :

Nous devons tous soutenir la récupération et la revitalisation des langues et de la culture autochtones.

Susie Alfred :
Nous sommes aussi des Canadiens, mais nous sommes un peuple des Premières Nations. Nous devrions tous vivre nos vies ensemble et travailler ensemble. C'est ce que je veux que les Canadiens sachent.

Texte à l'écran :

« La langue witsuwit'en me permet de savoir qui je suis et d'où je viens. Je porte dans mon coeur mes précieux gardiens de la langue. Tabï masih niwh disnï!! »

Dolly Alfred

Mot-symbole Canada

Mesures de soutien en santé mentale

Le Programme de soutien en santé - résolution des questions des pensionnats indiens offre des services de soutien affectif et culturel et des services professionnels en santé mentale aux survivants des pensionnats et à leurs familles : Programme de soutien en santé - résolution des questions des pensionnats indiens.

Des lignes d'assistance téléphonique nationales et d'autres services de bien-être mental :

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